Pèlerinage en vélo de Bruges à Rome le long de la « Via Francigena ».



Lundi matin 1e juillet 2002 nous sommes partis de l’abbaye Saint-Pierre de Steenbrugge (près de Bruges, Belgique) pour notre grand et lointain pèlerinage à la basilique Saint-Pierre de Rome. Cinq cyclistes courageux attendaient avec impatience le départ. C’étaient ma femme et moi-même, notre fils Sam avec sa fiancée Nausikaä et notre fille cadette Jana (16 ans). Suivant un rituel séculaire nous avons été bénis avec enthousiasme par notre prieur-curé. C’était un moment très spécial pour nous. Il a mis les symboles des pèlerins autour de notre cou. Pour les pèlerins médiévaux il y avait deux symboles importants : les clefs croisées de Saint-Pierre et la Véronique ou « Vera Effigie », le visage de Jésus-Christ pendant son chemin de croix. Malheureusement ces symboles n’avaient pas pu être trouvés. Aussi nous avons décidé de pendre une belle petite clef dans notre coquille Saint-Jacques de 4 années passées quand nous avions entrepris un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.


Le deuxième rituel auquel nous attachions de l’importance était de réunir des cachets sur nos carnets de pèlerins. C’est « la preuve » qu’on a bien fait le voyage. La technologie moderne de l’internet nous a mis en contact avec « l’Association Via Francigena », une organisation qui est engagée dans la Revalorisation de cet itinéraire vers Rome et nous sommes devenus membres de cette organisation. La présidente Adelaïde Trezzini nous a envoyé 5 « Litterae Patentes Peregrinatoris Iter Per Viam Francigenam Facientis », document officiel sur lequel on peut réunir les cachets. Grâce à Dom Godried, après la belle bénédiction, brillait sur notre carnet le cachet de l’abbaye, le premier d’une longue série.


Un pèlerinage signifie aussi pouvoir se détacher de son entourage familier, des sécurités matérielles et du luxe de la vie quotidienne, … Pour cette raison nous n’avons pas pris un GSM avec nous. Nous avons aussi fait le choix de camper et en général de préparer le repas le soir. Ça aussi était un travail de force, pas seulement pour le travail quotidien, mais on devait emporter des bagages supplémentaires comme des tentes et des mats, des sacs de couchage, des casseroles, …

Un pèlerinage c’est aussi parcourir un long chemin (au sens propre et dans son âme). Le chemin « extérieur », avec ses curiosités, l’information utile (à la toute dernière minute nous avions pris des précisions dans les 2 Vade-mecums de l’Associaton Via Francigena) et les campings, était introduit d’avance dans l’ordinateur. Chaque jour nous posions notre papier sur notre sac de guidon. Le chemin intérieur « est plus difficile, avant et aussi après, à enregistrer avec des mots. Chacun de nous le portait dans son cœur. Parfois on l’a considéré comme des bagages en plus mais en général c’était un soutien motivant et enrichissant…


Au départ nous roulions le long des petits chemins et des chemins de halage via Tournai vers la France. Les premiers jours étaient très difficile à cause de la pluie cinglante et du vent contraire. A Cambrai nous recevions notre premier cachet à la cathédrale. Ce jour là nous avons eu aussi notre premier pneu crevé. Le troisième matin nous nous sommes réfugiés à cause de la pluie dans l’église gothique de Saint-Quentin. Ce lieu a prospéré à cause de la tombe de Saint-Quentin. Au fond se trouvait un grand labyrinthe sur la terre, symbole du long itinéraire du pèlerin et de la route de vie de chaque personne.


Puis nous avons suivi une route historique décrite voici plus de 1000 années par Sigeric, un archevêque de Canterbury. Le chemin de Rome ou « Via Romea » avait alors reçu comme nom celui de « Via Francigena », ce qui signifie le chemin venant de France.

C’était notre intention, en suivant les traces de Sigeric, de parcourir toutes les villes et les endroits importants et de visiter chaque fois le centre historique. Dans le cadre de notre voyage visiter les brillantes cathédrales et autres églises importantes était un but important. Chaque fois nous y demandions un cachet pour notre carnet de pèlerin. Tout ça prenait du temps, mais un pèlerinage est plus qu’un simple voyage. Ce n’était pas notre intention de faire le plus de km possible dans le temps le plus bref possible. Nous roulions lentement, nous complaisant à regarder le paysage vallonné et jouir de la compagnie.

En France nous n’avons trouvé aucune indication de la Via Francigena et dans les Offices de Tourisme personne n’était au courant de cette route. Même dans les cathédrales nous n’avons rencontré personne qui la connaisse et cela exigeait parfois beaucoup de patience pour obtenir un cachet.


Dans la Picardië très charmante, nous avons visité la cathédrale Notre-Dame de Laon. Les façades décorées étaient un plaisir pour les yeux et à l’intérieur on a vu une belle « Vera Effigie ».

Le jour suivant nous nous sommes faufilés à travers l’agglomération de Reims cherchant le vieux centre avec la cathédrale Notre-Dame. Les sculptures uniques étaient très impressionnantes ainsi que les portiques et l’intérieur où Clovis a été baptisé et beaucoup de rois ont été couronnés. Ensuite nous avons parcouru la région Champagne-Ardenne avec ses vignobles à flanc de montagnes en pente douce et ses châteaux.


A cause du mal de dents de notre fils et du vent contraire nous avons continué notre chemin par la Route Nationale. C’était dangereux et c’est vraiment à déconseiller pour les cyclistes. Mais pour nous c’était « un cas d’urgence ». Son mal de dents est devenu si fort que nous avons décidé d’intercaler un jour de repos à Châlons-en-Champagne, aussi un des lieux d’étapes de Sigeric. Ce jour tomba plutôt bien pour tout le monde. Les conditions atmosphériques avait exigé beaucoup de nos forces pendant les 4 jours passés. La machine à laver et le soleil étaient plus que bienvenu pour remettre à niveau notre réserve de vêtements secs. De ce fait nous avions la possibilité de visiter la ville et par e-mail d’entendre les nouvelles de la famille et des amis. Ici aussi il y a dans la belle ancienne église Notre-Dame-en-Vaux une « Vera Effigie ».


Les jours suivants c’était divinement bien de rouler sur les routes Départementales sans beaucoup de circulation, le long des champs de blé, les pavots et les tournesols. A Rosnay-l’Hôpital (visité par Saint-Thomas Becket) quelqu’un nous a donné la clef de la crypte pour une visite privée. Nous traversions des villages paisibles avec des maisons fleuries et leurs lavoirs publics. On pouvait bénéficier du relief en pente douce le long de chemins calmes et avec un soleil réchauffant, c’était « rouler comme Dieu en France ». Le revers de la médaille était qu’il n’y avait pas de magasins. Quand on en trouvait un, c’était fermé pour le week-end.


A Bar-sur-Aube, aussi un lieu d’étape de Sigeric, l’église romane Saint-Pierre possédait une galerie en bois remarquable (15e siècle). Cette « Halloy » était employée comme marché couvert.

À Clairvaux, de l’ancienne abbaye fondée en 1115 par St Bernard de Clairvaux, il ne reste plus grand chose de son temps glorieux. Comme tout était fermé l’après-midi, la désolation du domaine abandonné était encore plus grande.

A partir du camping à Humes nous sommes montés au bourg fortifié de Langres où nous avons visité la célèbre cathédrale Saint Mammès avec son intérieur majestueux.

Après avoir continué notre route le long de la D5, nous avons eu la visite inattendue de notre curé ; Cette surprise agréable est gravée dans notre cœur et confirme combien il compatit avec notre « famille de pèlerins ».


Les jours suivants nous avons parcouru la région Franche-Comté où nous avons fait halte à la« Mairie-lavoir ». Dans cette mairie avec un lavoir public (c’est un phénomène caractéristique de cette région) on nous a donné un cachet dans nos carnets. .Progressivement le parcours devenait plus difficile avec quelques raides montées. C’est à ce moment que nous sentions bien que rouler avec des vélos chargés n’était pas si facile pour un cycliste moyen.

Heureusement Sam n’avait plus de mal et notre condition devenait meilleure.

Le terrain en pente nous donnait les premières lourdes montées près de Besançon. Le vieux centre de la ville, dominé par la majestueuse citadelle, se trouve complètement dans « la boucle », le grand méandre de la rivière, le Doubs. Malheureusement dans cette ville importante et historique la cathédrale était fermée le mardi. Nous avons quitté la ville en montant le long d’une route de raccordement.

Après Ornans nous avons suivi la tranquille D67 et avons joui pendant beaucoup de kilomètres de la vallée brillante de la Loue. Peu à peu la vallée idyllique est devenue plus étroite et raide. La montagne du Jura ne pouvait plus être évitée.


Après un sommeil réparateur nous étions réveillés par la pluie cinglant sur notre tente. Toute la matinée nous avons trimé dans la pluie et le vent. La seule chose qui pouvait nous remonter le moral était le panorama brillant avec de profonds précipices et de magnifiques massifs rocheux. Plus haut dans le Jura règnait un brouillard épais de sorte que nous devions peiner à la résistance de notre dynamo.

Trempés jusqu’aux os et transis nous parvenions au centre de Pontarlier où nous nous sommes blottis dans un restaurant pour reprendre souffle et température et … notre bonne humeur. Puis nous montions dans la pluie le long la N57-E23 de raccordement avec comme compensation le paysage panoramique. Heureusement, un peu plus loin nous pouvions prendre la D6 plus tranquille, mais pas de repos pour nous. Ici aussi : il n’y a rien de si difficile à écorcher que la queue.(????)

Après avoir passé sans problème le contrôle de la frontière, nous arrivions au sommet du « Col de Etroits » (1153m). Chacun de nous éprouvait de la satisfaction à avoir vaincu ce col. Pendant la descente phénoménale nous étions récompensés par un soleil réchauffant et par un panorama avec la vue sur la vallée et le Lac de Neuchâtel encore plus lumineux.

Arrivés à Yverdon-les-Bains nos euros étaient remplacés par les francs suisses pour quelques jours.

Suivre « le réseau de bicyclette de Suisse » bien signalisé et en général très calme nous faisait grand plaisir. La route N° 5 suivait en grande partie la voie de Sigeric.

A Lausanne nous montions pour la Xième fois à la belle cathédrale gothique où notre cachet devenait un souvenir permanent.

Via le Lac de Genève et la ville mondaine de Montreux nous plongions dans la vallée du Rhône imposant. Au camping près de Aigle, ma femme allait profiter de l’occasion d’avoir une machine à laver et à sécher.

Les Alpes étaient pour demain : quelque chose d’angoissant ( pour certains).


Le matin suivant nous faisions halte dans le couvent historique de Saint-Maurice où nous avons brûlé un cierge dans l’espoir que le long de la dure montée des Alpes «  nos cierges ne s’éteindraient pas ».

A Martigny et en plein soleil nous partions pour notre montée du col légendaire du Grand-Saint-Bernard. Le long de la route peu de magasins et nous montions pendant des heures dans la chaleur. A mesure que la fatigue croissait et chacun de nous faisait sa propre lutte, le paysage de Alpes devenait plus beau. Avec nos dernières forces nous réussissions à mettre les tentes à Bourg-Saint-Pierre (1632m), le dernier village avant le sommet, après quoi un orage se déclencha.


Le matin nous chargions sur nos vélos le poids plus importants de nos tentes mouillées. Pour la première fois nous avons vu à Bourg-Saint-Pierre une signalisation de la Via Francigena ( pour les piétons). Nous roulions les premiers 6 kilomètres « sans pluie » dans une galerie dangereuse, mais il n’ y avait pas d’alternative pour la circulation intense. La montée qui suivait était pénible à faire pour notre famille ! Si raide…. Nous avancions peu à peu dans cette haute montagne difficile avec sa végétation aride. C’était presque inexprimable et nos réserves physiques étaient presque à bout.

Via un chemin en lacets et dans un paysage désolé nous nous traînions au sommet du Grand-Saint-Bernard ( 2473m).

Nous nous remettions du dur effort grâce à l’accueil hospitalier dans l’ Hospice du Grand-Saint-Bernard. Ce vieil hospice, qui respire encore la vraie atmosphère pèlerine, fut fondé par Saint Bernard de Menthon au 10ième siècle.

Après la conversation réconfortante nous nous habillions chaudement pour affronter le brouillard épais et froid et la descente de 34 km du « Colle del Gran San Bernardo ». Heureusement, comme dans le Jura, le soleil ( cette fois l’italien) était de la partie. De ce fait nous avions une vue suffisante pour rouler dans les virages traîtres en épingle à cheveux.


Naturellement le jour de repos à Aosta était mérité après 2 semaines fatiguantes.

A la cathédrale nous avons assisté à la messe, un moment de rétrospective reconnaissante de tout ce que nous avions vaincu pendant les premiers 1000 km. Nous étions arrivés à suivre notre programme prévu. Dans l’après-midi nous avions encore du temps suffisant pour visiter les constructions romaines, ainsi que la « Collegiata di San Pietro & Sant’ Orso ».


Dommage que la signalisation de la V.F. à Aosta n’était que pour les piétons. La route pour Pollein et le château féerique de Fenis était une vraie recherche. Après Chatillon avec son château et l’ église San Pietro nous suivions le SS26 intense mais praticable. A cause de l’averse nous n’ avions pas vu des marquages de la V.F. A Donnas nous avons admiré la route romaine authentique, le « Strada Romana » avec un arc coupé dans les rochers et un peu plus loin le pont romain à Pont-Saint- Martin.

Une voie ferrée, pas visible à cause de l’eau, a été responsable d’une chute double. Après s’être remis de la frayeur, soigné quelques écorchures et réparé le vélo nous dépassions l’agglomération intense de Ivrea. Via le SS228 plus calme nous atteignons le camping au Lago di Viverone avec le nom ironique « Plein Soleil ».


Le matin suivant et en plein soleil, nous allions via la SS143 en direction de la plaine du Pò. Nous roulions beaucoup de kilomètres entre les rizières le long de la SS11 en direction de Vercelli. Là nous admirions la façade impressionnante de l’ église Sant’ Andrea avec ses 3 portiques sculptés magnifiques. Dans la province de Pavia les tableaux brun et blanc de la V.F. étaient particulièrement présents. A côté du symbole V.F., se trouvait parfois une carte avec une vue d’ensemble et on mentionnait la prochaine ville. C’était une chose positive que soit indiqué les curiosités ( églises, abbayes,..) le long de la route, mais malheureusement beaucoup était fermées dans l’après-midi.

Le long de la S596 très calme nous arrivions via Mortara à la périphérie de Pavia. Au camping nous avions engagé la lutte contre une volée de moustiques résistant à l’huile et au bâton anti-moustique.

En Italie, aux environs des grandes villes la circulation intense était parfois difficile. Les vieux centres se visitaient mieux gràce aux rues, places interdites à la circulation automobile ou celles à sens unique où nous roulions à contre sens. Les «carabinieri» nous pardonnaient.

La signalisation limitée de la V.F. dans la plaine du Pò n’était pas un problème parce qu’il n’y avait pas de routes alternatives.

Après une visite (de nouveau trop courte) à Pavia, la SS234 nous menait à Piacenza avec son Duomo lombard, dont les colonnes des 3 portiques étaient portées par des lions. Le Palazzo Farnese du 16ième siècle était aussi impressionnant.

Ce soir-là nous n’avions pas de camping et nous cherchions un logement dans le Vademecum de la V.F. A Montale nous trouvions l’ « Ostello San Pietro » fermé. Un gentil automobiliste nous renvoyait au séminaire de Montale. Nous étions accueillis avec hospitalité et on nous donnait une grande pelouse pour mettre nos tentes. L’ atmosphère pèlerine était encore renforcée par Don Lucio qui racontait ses voyages à Santiago et Rome avec une groupe de jeunes et il nous a offert 2 bouteilles de vin . Merci Don Lucio, c’était un vraie soirée pèlerine !


Le matin suivant nous suivions par la force des choses la SS9 intense. Cette Via Emilia célèbre, nous menait à Fidenza. Au centre de la localité, un tableau nous donnait des informations de la 36ième étape de Sigeric, complétée de quelques cartes.

A la magnifique cathédrale San Donnino, nous étions attendus par un jeune curé qui nous donnait l’explication de cette importante église. Malheureusement la façade romane était complètement cachée à cause de la rénovation en cours, mais on a vu les petites statues, reprises par le symbole de la V.F.

Il y avait beaucoup de circulation le long de la SS9 en direction de Parma.

Lorsque notre fille a eu un pneu crevé, tous les magasins étaient fermés ( siesta) . Il fallait attendre et s’abriter à cause de la chaleur brûlante.

Au début de la soirée nous visitions le centre avec sa cathédrale et son baptistère magnifique. Les deux avaient l’ intérieur richement décoré. On ne manque que d’yeux … et de temps.


Maintenant c’en était fini avec le parcours à plat. Nous serons obligé de passer aux très petites vitesses pour vaincre les Apennins. Via la SS62 intense et la signalisation de la V.F. nous arrivons à Fornovo di Taro. Là nous quittions la route principale et prenons la SS308 par la vallée de Taro.

A Ghiare nous entreprenions la montée à Berceto qui était parfois très raide.

Peut-être à cause du vent sec et chaud et des environs poussiéreux, les yeux de Nausikaä commençaient à étre irrités et elle avait des fortes coliques.

Le soleil tapait dur et nous avancions lentement comme 5 points chétifs dans la vallée, les montagnes et l’ autoroute qui se trouvait d’abord au-dessus de nous et puis très bas sous nous.

Près de l’ église de Berceto nous admirions les sculptures romanes ainsi que la statue moderne et mince d’un pèlerin. C’ était un symbole d’un pèlerin famélique qui parcourait la nature sauvage.

Au camping le paysage montagneux respirait la paix et le calme.


Le matin on commençait avec le reste des Apennins. C’ était moins difficile que ce que nous avions pensé, mais nous étions obligés de suivre la SS62 intense.

Au Passo della Cisa ( 1041m) nous grimpions encore beaucoup de marches pour rejoindre le Santuario Madonna della Guardia. La descente était facile et en moins de rien nous étions sur la route principale de la ville mediévale et pittoresque de Pontremoli.

Après une halte près de l’ église romane de Santo Stefano de Sorano, tout tournait mal : Sam et Nausikaä ( tourmentée par les coliques et la nausée) se dépêchaient vers le camping tandis que notre fille Jana faisait fausse route.

Nous roulions, pour la première fois depuis 1500 kilomètres, divisé en 3 groupes. Ça devenait encore plus compliqué quand on nous disait que le camping prévu était complet. Jusqu’ au moment où notre autre fille Sarah et son fiancé Timo sont arrivés de la Belgique. Miraculeusement ( pour un pèlerinage ?) tout s’ arrangeait. Naturellement on avait beaucoup à raconter.


Cette réunion de famille était le moment juste pour intercaler un jour de repos et profiter de notre nouvelle compagnie. Nausikaä pouvait se remettre de sa cystite et néphrite pendant que nous nous délassions à la mer.

Après la messe à Massa di Carrara nous recevions pas seulement un cachet mais aussi une visite privée de l’ église. Nous roulions encore jusqu’à la ville du marbre Carrara, à la cathédrale on nous refusait un cachet pour des raisons inconnues. Un stigmate dans notre souvenir.

Le soir Timo faisait un barbecue et préparait du bon poisson grillé.


Après 2 jours on prenait congé de Sarah et Timo, parce que nous avions clairement choisi de ne pas faire appel à une voiture. Ils partaient et nous poursuivions notre pèlerinage.

Pour éviter la SS1 nous choisissions une route secondaire. Depuis le Passo della Cisa la signalisation de la V.F. était complètement absente et la signalisation ordinaire imparfaite. Une bonne carte était indispensable.

La route nous menait par une des portes au vieux centre de la ville fortifiée de Lucca. C’ était une ville pour se balader et profiter des petites places, des palazzo’s massifs et des façades d’ églises en style pisan-roman.

Le Duomo di San Martino posséde un labyrinthe gravé dans une paroi du portique roman.

Après presque 1600 kilomètres, nous rencontrions près de Altopascio nos premiers (et derniers) pèlerins vers Rome. Nous avions une conversation agréable avec 2 randonneurs allemands qui, comme nous, marchaient sur les traces de Sigeric.

Comme il n’ y avait pas de camping ce soir, nous consultions le Vade-mecum cherchant un endroit pour passer la nuit. Heureusement qu’un homme, qui parlait bien l’ anglais, nous a offert de nous aider. Après quelques coups de téléphone il nous menait au vieux centre de Fucecchio. Là une jeune dame nous accompagnait jusqu’à l’ « Ostello della Gioventù » . Pour la première fois en 3 semaines nous préparions le repas dans une vraie cuisine et nous dormions dans des lits. Ce « luxe » dans cet hôtel de jeunesse était un peu trop cher pour nous.

Le jour suivant nous roulions le long de la SS429 avec une circulation intense.

Un peu après Certaldo nous avions notre troisième pneu crevé. Après la réparation, suivait la dure montée à San Gimignano dans la chaleur. Cette ville médiévale est célèbre pour ses nombreuses tours, bien gardées qui étaient déjà visibles de loin.

L’ atmosphère agréable sur les places charmantes, une visite au Duomo ( gratuit pour les pèlerins) vaut aussi la peine. L’ intérieur avec des fresques nombreuses était impressionnant … et les contacts avec quelques Flamands réconfortants.

Au camping à Santa Lucia nous bénéficions d’un repos mérité.


Après Poggibonsi nous suivions un bon bout de temps le S2 calme en direction de Siena avec à la fin une montée raide. La Piazza del Campo, sans doute une des plus belles places au monde, était pleine de gens. Nous avions admiré la cathédrale. L’ intérieur était impressionnant avec le marbre poli en toutes couleurs et formes. Heureusement les pavements de mosaïque étaient protégés.

Dans l’ après-midi nous prenions la SS2 ondulée. La célèbre Via Cassia serpentait à l’infini entre les champs de blé de Toscane. A San Quirico d’ Orcia il n’ y avait pas de camping. Nous avions seulement le numéro de téléphone et pas l’adresse de l’ Ospitalità Religiosa . Comme nous ne parlions pas l’ italien et les Italiens ne parlent presque pas d’autres langues, c’ était parfois difficile de communiquer ou de téléphoner.

L’ Ospitalità Religiosa était complète, mais au B&B nous étions accueillis par une dame gentille qui ne parlait que l’italien. Nous entrions dans un palais de marbre (trop beau et trop cher pour des pèlerins) où nous ne pouvions pas préparer notre repas et où nous ne recevions pas de petit déjeuner parce que nous ne restions qu’ une nuit !


Le jour suivant, après avoir déjeuné dans le parc, nous suivions presque toute la journée la Via Cassia. La circulation n’ était pas pénible.

A Acquapendente nous remarquions encore une fois, après beaucoup de jours, une signalisation de la V.F.

Hélas un fil de fer s’était enmêlé dans mon dérailleur et par conséquence un rayon s’était cassé. A Bolsena seulement nous avons trouvé un réparateur.

Le soir Sarah et Timo étaient aussi au camping et faisaient la cuisine.


Nous continuions notre route le long de la ( parfois dangereuse) Via Cassia. Après la montée au centre pacifique de Sutri nous descendions jusqu’ à l’ amphithéâtre construit en pierres de tuf, il valait une visite. Après une descente en flèche nous passions la nuit dans un camping près du Lac de Bracciano, notre dernier avant Rome.


Rouler tranquillement sur notre dernier trajet ne durait pas longtemps ! A mesure que nous approchions de Rome la circulation fonçait klaxonnante et désordonnée.

Grâce à notre plan de ville, soudain nous nous trouvions nez à nez avec la Place Saint-Pierre imposante et la basilique Saint-Pierre.

Depuis notre départ nous avions fait le pèlerinage par nos propres moyens. Assez de raisons pour être satisfait et fier. Mais on ne nous laissait pas beaucoup de temps pour nous remettre et pour nous rendre compte que nous étions vraiment arrivés. Très vite nous avons constaté que le Vatican s’ adresse plus aux touristes qu’ aux pèlerins de la V.F. comme nous qui étions fatigués et couverts de sueur mais avec un sentiment bienheureux d’ avoir atteint notre but.

La police vaticane nous a repris vertement : interdiction de rouler à bicyclette ! interdiction de s’ asseoir par terre ! Pour entrer dans la basilique il faut mettre des pantalons ( où sont-ils, dans nos sacs ?).

Une fois à l’intérieur on ne voulait pas nous permettre d’accèder à la sacristie pour trouver Don Vercesi. Là, on nous a dit que sur la base de nos crédentielles on va nous donner notre Testimonium. Nous étions touchés par la manque de gentillesse des gardiens et des curés ! On nous laissait attendre inutilement longtemps et on n’ a pas fait grand effort pour trouver Don Vercesi.

Finalement on nous mettait le timbre de la basilique pour nous contenter, notre dernier.

Quelle douche froide, cet accueil !


Nous avons visité la basilique où de nombreux artistes ont apporté leur contribution. Nous avons vu la statue célèbre de Saint Pierre et nous avons visités sa tombe dans la crypte.

Nous étions heureux et reconnaissant de la réussite de notre pèlerinage.


Dimanche matin notre tentative d’ obtenir notre Testimonium était vain. De nouveau on a rencontré un (autre) curé très désobligeant et arrogant. Heureusement qu’ il y avait un gardien gentil qui a essayé de nous expliquer qu’il fallait donner nos noms et adresse. Merci monsieur !

Après la messe nous avons visité Rome.

Le jour suivant nous sommes rentrés, quelques-uns par avion, les autres en voiture.

A la fin de septembre nous avons bien reçu notre Testimonium.

En regardant ce Testimonium, nous revoyons un pèlerinage très mouvementé avec des ups & downs, pas seulement dans le paysage mais aussi chez nous mêmes.

Ca devenait une expérience heureuse avec des sommets précieux le long de la route et avec une déception à Rome.

Comme les pèlerins, nous nous rendons compte que le voyage même et les rencontres avec des inconnus étaient le plus important.







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