FLORENCE STEFANI

BICI … ROME 16. JUILLET - 1.AOUT 2003

16 juillet 2003

Départ sans cesse différé depuis plusieurs mois, pour raisons diverses, la dernière en date étant un problème d’audition ayant nécessité qq traitements et examens complémentaires.

Mais cette fois-ci, ça y est, la route est devant moi et la maison derrière, pour ce 3ème cyclo-pèlerinage vers Jérusalem.

Première halte près de Pontcharra, chez une nièce, histoire de ne pas couper trop brutalement les attaches familiales et sociales.

17 juillet

Je casse un tendeur, mon bracelet-montre, et une pièce de mon levier de changement de vitesse. Des bricoles, mais cumulées, c’est agaçant. Je plante ma jolie tente toute neuve au camping de Bramans, dans la vallée de la Maurienne. Et oui, cette fois-ci j’ai pris une tente, je m’embourgeoise, ou je vieillis…. ou les deux !

18 juillet

J’attaque les choses sérieuses, avec la montée du col du Mont Cenis, et tout de suite je regrette mon petit plateau à 22 dents (remplacé par un 24, car elles étaient toutes cariées).

Au col, patatrac, c’est mon porte-bagage avant qui rend l’âme, après plusieurs années de bons et loyaux services. Irréparable, car en alu et donc impossible à souder. Du coup, retour sur Grenoble.

20 juillet

Nouveau départ, avec nouveaux adieux, nouvelles larmes, et nouveau porte-bagage. Didier me ramène au col du Mont Cenis. Encore quelques larmes et je me laisse glisser vers la plaine italienne. Torino. Maison mère des Salésiens de Don Bosco, où j’ai à ma disposition une immense salle à manger où je peux m’étaler avec mon vélo et tout mon barda.

21 juillet

A Vercelli, je trouve la via Francigena, balisée, ancien itinéraire de pèlerinage que certains ont essayé de faire revivre lors de l’année Sainte.

Robbio, petit village où je suis accueillie et chouchoutée par une religieuse et le curé ; logée dans une salle de classe. J’ai droit à la visite de l’historien-archiviste local, ami de l’association via Francigena, qui vient tout spécialement d’un village voisin pour me faire visiter les 3 belles églises (romanes) du bourg.

22 juillet

Plaine du Pô toujours, route désespérement plate, chaleur suffocante. Du riz, du riz, toujours du riz… (mais où donc font-ils pousser les pâtes ?

Halte à Orio Litta, où je suis très amicalement reçue par un ami de la via Francigena, cycliste de surcroît. Du coup notre conversation s’oriente très naturellement, non pas vers de grandes considérations d’ordre culturel ou spirituel, mais vers le Tour de France ! Je ne regrette pas le temps investi avant mon départ dans l’apprentissage de rudiments d’italien, même si mes possibilités de conversation restent très limitées.

Je passe la nuit toute seule dans un grand gymnase.

23 juillet

Je voulais traverser le Pô sur un bac, mais il n’y a plus assez d’eau pour le bac (mais encore trop pour le vélo). Du coup, jolie promenade sur la digue.

Je casse le rivet d’une sacoche avant. Réparation de fortune qui tient toujours.

Camping à Parme.

24 juillet

Orage, pluie, brouillard et froid (oui, oui) dans la montée du paso Cisa. Je suis doublée dans le brouillard par une 2CV qui tire une caravane !

Je m’arrête un peu avant le col, dans le très beau village de Berceto. Le curé m’installe royalement dans la maison des jeunes, où je peux étaler et faire sécher toutes mes affaires trempées.

25 juillet

Je grimpe les derniers km sous le soleil. Panorama somptueux et route tranquille. Descente vers la côte. Hébergée le soir dans le beau village de Pietrasanta, chez des religieuses assomptionnistes.

26 juillet

Rencontre de 2 pèlerins espagnols, partis à pied de Paris, pour se rendre sur la tombe de Padre Pio (S. Giovanni Rotondo ?). Nous faisons un brin de causette à l’ombre, en espagno-italien. Ils sont tous les deux maigres comme des coucous. Elle marche en robe longue à manches longues, et lui en costume noir et col romain. Il fait 40 degrés à l’ombre.

Arrivée tardive à S.Gimignano où les Frati Augustiniani me reçoivent merveilleusement (après avoir vérifié mes papiers et ma credencial, pour s’assurer que je ne suis pas une touriste déguisée en pèlerine…).

27 juillet

Pas besoin des panneaux « serie di dossi » pour m’apercevoir que la campagne toscane n’est jamais plate ! Mal aux jambes.

A l’entrée de Siena, accrochage (purement verbal, mais violent, avec un chauffeur de bus ; heureusement il ne comprenait pas le français…). Fatigue, colère. Camping perché sur une colline à perpète. Mes voisines de tente (nationalité ?) m’offrent du vin et un concert de chants et guitares. Du coup le moral remonte d’un cran, et « le soleil ne se couche pas sur ma colère. »

28 juillet

Détour par le monte Oliveto Maggiore. Sérieuses grimpettes. Malgré une forme retrouvée, je n’arrive au monastère qu’à midi, au moment de la fermeture, et je ne peux pas voir les superbes fresques retraçant la vie de st Benoît. Je dois me contenter des cartes postales.

S Quirico d’Orcia, petit village qui possède 2 églises remarquables et un prêtre qui ne l’est pas moins. Alors que je m’apprêtais à bivouaquer dans un recoin du village, il arrive et me fait héberger dans une famille de paroissiens. Sympathique soirée familiale, avec parents et enfants. Je progresse en italien.

29 juillet

La rive ouest du lac de Bolsena est une merveille, avec un grand chemin non goudronné et un tout petit camping délicieux. Mais chut, il ne faut pas trop le dire !

30 juillet

En démontant ma tente, alors que je venais de retirer les sardines, un grand coup de vent l’a emportée. J’ai couru à travers le camping et l’ai récupérée de justesse, bloquée contre un arbre, avant qu’elle ne parte au-dessus du lac.

Ensuite ce qui restera un mauvais souvenir : entre Viterbo et le lac de Vico, 3 km de montée, non mentionnés sur ma carte, affichés à 10 % (mais qui en font certainement beaucoup plus) et l’obligation de mettre pied à terre et de pousser péniblement et peu glorieusement mon vélo.

Camping au bord du lac de Bracciano (même pas moyen de se rafraîchir dans le lac, l’eau est trop chaude !).

31 juillet

Pour ne pas arriver trop vite à Rome, j’ai choisi de faire un petit détour vers l’est, par Civitella S Paolo, où je sais pouvoir être reçue chez les bénédictines de Sta Scolastica. Je le suis fort bien et assiste, bien à l’abri, à un très gros et très long orage.

1er août

L’entrée dans Rome à bicyclette : quelque chose que je ne souhaiterais pas, même à mon pire ennemi…J’ai beau essayer de ruser, de louvoyer entre les différentes via (qui ont pourtant des noms très doux : Aurelia, Cassia, Flaminia, Laurentina, etc…) je ne peux éviter de me retrouver sur une espèce d’autoroute monstrueuse, où je suis agressée et frôlée de toutes parts, et incapable de me repérer sur ma carte, insuffisamment précise. Je finis toutefois par arriver saine et sauve près de Sta Maria Maggiore, dans la pension religieuse où je suis attendue ce soir. Malgré la gentillesse des Suore di Sta Elisabette, je n’y resterai qu’une nuit, et une nuit blanche en raison du bruit infernal et ininterrompu de la piazza. Dès le lendemain j’accepte avec joie l’invitation qui m’est faite par une amie trappistine d’aller poser mes sacoches à la maison généralice de l’ordre, près de Tre Fontane (dans la banlieue sud de Rome, quartier de l’EUR, du calme et de la verdure, et la metropolitana à la porte). J’y suis chouchoutée, logée, nourrie, blanchie, et sanctifiée de surcroît ! J’ai passé une semaine à sillonner Rome et visiter tout ce que je pouvais en si peu de temps. Dans les caves de San Pietro, après remise de mon certificato di paso (que j’avais fait tamponner à chaque étape), un petit examen de passage (je ne sais pas si j’ai eu une mention), et un temps de prière auprès du lieu présumé des restes de St Pierre, j’ai reçu des mains d’un chanoine le Testimonium, superbe parchemin que je vais pouvoir ajouter à ma collection. Rome est désertée par les Romains mais envahie par les touristes de tout poil. Il y fait une chaleur écrasante (comme partout en Europe, je crois), les fontaines, qui sont heureusement nombreuses, sont prises d’assaut.

Le soir je regagne « mon monastère » pour me joindre à la prière de la douzaine de moines et moniales qui habitent ce lieu. Que pourrait rêver de mieux une pèlerine ?

7 août

Après cette halte bienfaisante, tant au plan physique que moral et spirituel, je m’apprête à reprendre la route vers le sud. Direction Brindisi, d’où je m’embarquerai pour la Grèce, où Didier doit venir me retrouver.

A suivre dès que possible, mais les points internet ne courent pas les rues des villages italiens….